Colloque 13/4/19

Les jeunes et les écrans : risques et opportunités

Impact sur la santé, le psychisme, les relations filles garçons

Mairie du 20 ème, en partenariat EDUPAX ALERTE
Samedi 13 avril 2019

 « le travail émotionnel des adolescents sur les plateformes numériques »

Madame Sophie JEHEL, Sociologue, Maitre de Conférence Paris 8

Sur les plateformes numériques, les adolescent.e.s doivent faire face à une avalanche de vidéos qui peuvent être violentes, sexuelles ou haineuses. Selon leurs réseaux de contacts, selon leurs centres d’intérêt, selon les médiations parentales qui les entourent, leur exposition à ces vidéos est plus ou moins accrue. Ils y réagissent en mettant en place des stratégies très opposées qui peuvent aller de l’adhésion aux messages, qui peut s’accompagner d’une forme d’excitation ludique, à un évitement systématique de certaines images notamment des images sexuelles. La perspective de l’impact réduite au risque du mimétisme est loin de percevoir les enjeux d’une dérégulation des images sur les plateformes numériques. Les risques d’intégrisme favorisés par l’omniprésence du sexuel perçu comme un danger pour la réputation des filles en particulier sont à prendre au sérieux. Certain.e.s adolescent.e.s développent aussi des stratégies autonomes, orientées sur l’intellectualisation du rapport aux images, ou au contraire le sentiment de solidarité et d’empathie, qui induisent aussi des réactions fort différentes. Le travail émotionnel (Hochshild 2017) que doivent réaliser tous et toutes les adolescent.e.s consiste précisément à maintenir un écart entre les émotions ressenties profondément et celles qui sont exigées par les « règles de sentiment » partagées avec les contacts et les normes sociales du groupe d’appartenance. La présentation s’appuiera sur les développements issus d’une recherche conduite avec près de 200 adolescent.e.s de milieux sociaux et scolaires diversifiés, qui a donné lieu à un rapport accessible sur le site de la Mission Droit et Justice : https://lc.cx/QpRr.


« Porno, sexo, Réseau, ado : trop, c’est trop »
Madame la Docteure Gahda HATEM-GANTZER, Médecin cheffe de la Maison des femmes de Saint-Denis (93)

L’accès à des vidéos pornographiques en ligne est d’une facilité déconcertante, et la transmission d’images et d’informations à un très large public d’une rapidité inouïe. Qu’ils le souhaitent ou non, qu’ils soient demandeurs ou pas prêts du tout, nos (parfois très jeunes) adolescent.e.s sont soumis à des contenus pornographiques d’une grande violence, qui véhiculent une image dégradée de la femme mais aussi une vision réductrice, quand elle n’est pas ridicule, de la virilité. Quant aux réseaux sociaux, ils se transforment aisément, par la diffusion de contenus intimes à connotation sexuelle, en outils d’humiliation ou de vengeance et peuvent parfois conduire au suicide les jeunes concernés.
Il est important, tant pour les enseignant.e.s et responsables scolaires que pour les parents, de connaitre ces dangers afin de diffuser des messages de prévention, de repérer les adolescent.e.s aux prises avec ces difficultés et de leur proposer une prise en charge adaptée.

 


« Miroirs, écrans et cultures »
Docteur Boris CYRULNIK, neuropsychiatre et essayiste

En arrivant au monde, le premier signal qui capture un bébé est la brillance des yeux et leurs saccades. Tout de suite, ces signaux s’intègrent avec le visage de sa mère, puis de son père. Un enfant ainsi captivé est sécurisé puis tutorisé vers la découverte de son monde familial et culturel. Il met longtemps à se reconnaître et à se nommer quand il se voit dans un miroir. Ce processus développemental est figé par un écran qui méduse un enfant et le coupe des mots et des autres.


 « Bébé, enfant, ado et écrans: l’effet triple A »

Sabine DUFLO, psychologue clinicienne et thérapeute familiale, autrice du livre « Quand les écrans deviennent neurotoxiques : protégeons le cerveau de nos enfants » paru chez Marabout en octobre 2018

L’effet triple A désigne les perturbations majeures qu’entraîne la confrontation aux écrans: Attachement, Attention, Addiction. En partant de courts extraits vidéo, on montrera la perturbation de l’attachement du bébé à sa mère par interruptions répétées du lien. Puis la perturbation de l’attention volontaire par sur stimulation de l’attention réflexe dans les programmes jeunesse. Enfin, la conséquence possible : l’addiction ou accrochage à l’objet au dépend de la construction du lien.

 


 Présentation du projet et projection d’un extrait du film Le Grand Secret du lien, de Frédéric PLENARD, en présence du réalisateur et d’Hélène BOURHIS, directrice de formation en psychopédagogie perceptive et assistante de recherche au CERAP (Centre de recherche appliquée en psychopédagogie perceptive, Université Fernando Pessoa de Porto).

 


Ateliers sous la présidence de Jacques BRODEUR, EDUPAX initiateur québécois du défi sans écrans en 2003

Pendant que de nouvelles études accablantes concernant les dommages de la surexposition aux écrans numériques ne cessent de paraître, depuis 2001, la déconnexion des enfants ne cesse de se propager d’école en écoles des deux côtés de l’Atlantique. En 2018, en France seulement, le Défi sans écrans a été proposé aux enfants et adolescents dans 134 établissements. Pour les parents et les enseignants, le choix est simple. Ou bien on apprend aux jeunes à maîtriser les outils technologiques, ou bien on laisse des industries numériques puissantes télécommander leurs préférences et gérer leur vie. La préparation au Défi sans écrans ne fait pas que réduire la violence physique et verbale, mais elle permet aux jeunes de restaurer le pouvoir de leur lobe frontal, de reconquérir leur empathie, de contrer la propagation de la misogynie dont les adolescentes sont la cible. Divers ateliers permettront aux participantes de comprendre les bienfaits du jugement critique pour le vivre ensemble à l’école et en famille, pour l’égalité entre filles et garçons, pour la santé émotionnelle des jeunes, pour contrer le harcèlement.

15h Répartition en Ateliers

1) « Les Défis sans écrans» : présentation de l’organisation pratique d’un défi sans écran au sein d’un établissement scolaire, par Julie GENDREAU et Carine
BONNISSEAU de l’association les Chevaliers du web Les écrans sont omniprésents, leur mobilité et leur contenu en font de précieux objets de compagnie pour petits et grands. Prendre de bonnes habitudes dès le plus jeune âge, peut permettre aux ados et aux adultes d’acquérir de bons réflexes de connexion et déconnexion ! Pour de nombreux parents, il apparaît difficile de poser des limites et surtout de les faire respecter. Et oui, il est dur de rivaliser avec des super- héros, des jeux vidéo, des applications ludiques, … La partie n’est pas encore perdue !

2) Les enfants et les écrans : pourquoi et comment poser des limites ?
Les écrans sont omniprésents, leur mobilité et leur contenu en font de précieux objets de compagnie pour petits et grands. Prendre de bonnes habitudes dès le plus jeune âge, peut permettre aux ados et aux adultes d’acquérir de bons réflexes de connexion et déconnexion ! Pour de nombreux parents, il apparaît difficile de poser des limites et surtout de les faire respecter. Et oui, il est dur de rivaliser avec des super-héros, des jeux vidéos, des applications ludiques, … La partie n’est pas encore perdue ! Au cours de cet atelier, venez échanger avec Barbara MOURET, coach parental Bparents+, sur vos pratiques, vos doutes et trouver des réponses.

3) « Ados : quelle juste place pour les écrans ? Jeux vidéo, réseaux sociaux, Smartphones, addictions / réussite scolaire ? Quelles limites, quand s’inquiéter ? Comment en parler en famille ?
Anne LEFEBVRE, psychologue clinicienne présidente ALERTE et Pascal BINI enseignant ALERTE

4) La question du consentement dans la relation amoureuse : aide et accompagnement en ligne, présentation par l’association En Avant toutes

5) Cyber harcèlement, Revenge Porn et prévention des violences sexistes numériques, par le pôle Education et numérique de l’association Femmes solidaires

Retour des ateliers en séance plénière et discussion avec la salle, animée par Jacques Brodeur, EDUPAX