Les adolescents face aux images violentes, sexuelles et haineuses : stratégies, vulnérabilités, remédiations.

Rapport de Sophie JEHEL.

Comprendre le rôle des images dans la construction identitaire et les vulnérabilités de certains jeunes.

Ce rapport retrace les activités de recherche conduites entre mars 2015 et septembre 2017 sur la réception des images violentes, sexuelles et haineuses par les adolescents. L’objectif général de cette recherche était de comprendre comment les adolescents, dans un contexte d’accès très ouvert aux images violentes, sexuelles et haineuses sur les plateformes numériques, directement accessibles par les smartphones,canalisent ou contiennent les émotions qu’elles peuvent susciter. Cette recherche s’inscrit dans une perspective de socialisation des adolescents avec les plateformes numériques et de mise en place de formes spécifiques d’auto-contraintes (Elias 1969). Les plateformes numériques qui proposent un régime d’images beaucoup moins régulé que celui de l’audiovisuel mettent en effet à l’épreuve,volontairement ou non, la résistance des sociétés pour maintenir le processus de pacification des mœurs propre à la modernité. Les grandes plateformes numériques et leurs modèles économiques ont choisi de favoriser les communications visuelles privilégiant de ce fait les images et vidéos qui suscitent le plus d’échos, via les recommandations, les «j’aime», les partages. L’ampleur des vidéos violentes, sexuelles, haineuses rencontrées sont le produit de gouvernances algorithmiques qui privilégient le recueil des données sur les volontés explicites des internautes2. Les plateformes numériques proposent aux adolescents des possibilités d’expression et d’accès aux espaces publics à une échelle inconnue auparavant. Ils représentent en ce sens la réalisation d’un droit à l’expression des enfants garanti par la Convention internationale des droits de l’enfant (1989) que les médias précédents avaient peu concrétisé. Mais en les exposant massivement à des contenus inappropriés, ils violent des préconisations de la même Convention des droits de l’enfant qui visent à favoriser le développement d’une protection des enfants vis-à-vis de ces contenus (Baudis, Derain 2012)…

Le rapport