LE MONDE Les professionnels de l’enfance s’alarment des troubles du développement chez les plus exposés précocement.
Bon nombre de professionnels de l’enfance s’inquiètent de la place des écrans et de leur impact, et ce dès le plus jeune âge. Elisabeth Baton-Hervé, chercheuse indépendante, formatrice à l’éducation à l’image et aux médias, a voulu en savoir plus et a mené depuis 2014 une cinquantaine d’entretiens avec ces professionnels de terrain sur cette question, dans douze départements.
Elle a présenté des premiers résultats lors de la troisième édition du colloque « Les impacts des écrans sur la jeunesse : un enjeu majeur de santé publique », organisé par l’Association pour l’éducation à la réduction du temps écran (Alerte) et Edupax (une association québécoise qui organise les journées sans écran dans les écoles), qui s’est tenu samedi 5 mai à la mairie du 19e arrondissement, à Paris.
Elle a interrogé ces professionnels sur l’exposition aux écrans et le lien avec des troubles développementaux. Psychologues, orthophonistes, éducateurs de jeunes enfants, médecins, gendarmes… des paroles qui ne sont, selon elle, pas toujours prises en compte. Sans surprise, Elisabeth Baton-Hervé a d’abord constaté, au cours de ses entretiens, l’omniprésence des écrans. La télévision est souvent allumée le matin avec les dessins animés. De même, la tablette est en passe de remplacer la télévision à l’heure du repas, et ce, dès le plus jeune âge. Lors d’une consultation ou d’un rendez-vous, « il n’est pas rare que le parent cède son smartphone à l’enfant pour qu’il se tienne tranquille ». Ce sont ces moments de transition, ces moments « entre deux », dans les transports, les salles d’attente… qui se voient colonisés par les écrans. Un moyen pour les parents d’avoir un moment de tranquillité ou de vaquer à leurs occupations. « Exposer les bébés aux écrans revient à shunter l’étape sensori-motrice », note une orthophoniste.